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mercredi 7 juillet 2010

«La lionne cruelle cherche le loup, le loup la chèvre, la chèvre le cytise fleuri, moi je te cherche : chacun est entraîné par son penchant.»

D'abord, c'est un film plein de longueurs. Mais ça n'a rien d'un film.

Le cinéma italien, pour pouvoir se remettre du génie pasolinien et de l'esthétisme fellinien est mort pendant un temps. Et puis 2010 voit l'apparition de l'OVNI La boca del lupo. C'est projeté sur les écrans de cinéma, comme un film. Il y a des images d'archive, des musiques, des plans d'une autre époque et ça n'est pas un documentaire. Il y a ce gangster Sicilien aux bras tatoués, et son compagnon, Mary la belle. Mary la salope comme il l'appelle, de tout son amour en cage.

Cet objet cinématographique est mutant, comme l'amour de l'homme, comme la ville post-industrielle et toujours mythologique, comme l'Italie, les drogues et tous les petits bâtards canins qui s'agglutinent dans le logement mutant, lui aussi, de ce couple d'amoureux transis. En gros, ce film répond bien mieux que toutes les masturbations universitaires à la question du devenir de la fiction.

Il n'aurait en effet rien de novateur s'il se contentait de filmer le prolétariat, d'en faire un héros. La nouvelle vague britannique des années 70 l'a déjà fait avec brio, créant le mythe du héros brut et puissant, de la force incompressible et incompatible avec une société à cases. Là où La boca del lupo (et on ne se lasse pas de répéter ce titre) nous met la claque du siècle, c'est que l'incompressible n'est pas présenté dans sa puissance (comprendre, on ne vient pas observer comment le robuste taureau n'entre pas dans son costume trois pièces), bien au contraire, le grotesque se fond au sublime. La scène d'interview du couple, la puissance menaçante d'Enzo, le pull à petits nœuds de Mary, leur amour et leur horde de chiens fait rire, pleurer, sourire, elle fait envie, elle nous donne accès à eux.

Et puis, l'anecdote croustillante qui se la joue cerise sur le gâteau: c'est un film commande, passée par une association religieuse de Gênes.

Enfin, c'est un film plein de longueurs, mais qu'attend-t-on du cinéma?



The first thing to mention is probably how slow the movie is. But what do you expect from a movie?

To recover from Pasolini’s genius and Fellini’s aesthetics the Italian movie industry had to die. And 2010, La boca del lupo, the reason for the previous question. You watch it on a screen, like a movie. It’s got a documentary aspect with pictures, musics and scences from the archives but it isn’t a documentary. There’s a gangster with tattoos and muscles and his compagnon, the beautiful Mary. “Mary the bitch” is the sweet nickname of his brutal baby love. 

This cinematographic object is mutant, just like man’s love, the mythological post-industrial city, Italy, drugs and the numerous tiny crossbred dogs clustered together in the bashful lovers’ tiny mutant house. Another way to say that this glorious “thing” is the best answer I ever saw to the question of FICTION’s future. It would barely be interesting if it was only filming the proletarian world, turning it into a hero. 1970’s British New Wave did it marvelously, creating the myth of the strong and tough hero, of the incompressible power that doesn’t fit in no box, that society can’t calibrate. The thing with La boca del lupo (and just listen to the melody of the title please) is that the incompressible isn’t depicted through its powerful aspect (meaning you don’t observe how the robust miner doesn’t fit in his suit with a bitter taste of honey, nor how the long distance runner is lonely and untamable, no). In fact it’s quite the contrary, you’re given to see the magical alchemical moment where the grotesque turns into sublime. 

The scene where the couple is interviewed is intense : Enzo’s threatening power next to Mary’s tiny pink bows, their love and the pack of dogs makes you laugh to tears, desperate and smiling, it enables you to share their love.

Last but not least, this movie was ordered and financed by a religious association from Genoa.

To conclude, it’s a slow movie. But what do you expect from a movie?

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