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vendredi 10 septembre 2010

Cargo

Stalingrad, Jaurès et le canal: c'est un de ces lieux absolument urbains qui m'attirent et m'hypnotisent. Il y a le rituel de l'écran et la sortie éblouie, les reflets de l'eau. Il y a l'hygiène de la course et l'esprit qui descend dans les pieds, au rythme des battements de mon cœur peu sportif. Il y a les cubes superposés et les arbres, les boîtes à gens et leurs vitres. Il y a la librairie du Mk2 Quai de Loire et ma carte de fidélité. Parce que ça importe, une carte de fidélité.

Hier soir, charmée par les lueurs qui émanaient de certaines boîtes, je n'ai pas senti les gouttes d'eau qui tombaient du toit de l'embarcation sur mon dos courbé. C'est que le temps d'une dérive lente et intemporelle, trois voix ont résonné dans mes oreilles. Ou du moins trois voix lectrices pour 4 personnages dont l'un correspondait à peu près à l'une des voix qui lisait quoi qu'on ne sait jamais: à partir de combien de ratures le texte existe-t-il?

Et j'ai vu les cargos, j'ai vu la rouille - pas qu'en Pologne -, j'ai vu la crasse senti le sel qui collait dans ma gorge qui desséchait ma peau tandis que les lueurs des ports d'Afrique du Nord brûlaient dans la nuit et que les tuyaux explosaient et que la vapeur se jetait sur la peau du mécano qui avait fondu dans ses vêtements mais l'important c'est que son cœur tienne.

Et puis le Zéro de Conduite - c'est écrit sur son cul - est arrivé à destination, c'est à dire au point de départ. On pouvait manger du chorizo et boire du vin mais j'ai préféré partir, j'étais attendue.

Il s'agissait des textes d'Alexandre Bergamini Cargo mélancolie, de Stéfan Mani Noir Océan, de Bernard Mathieu Cargo et du texte de Bérengère Cournut "Le Havre-Malte".

Il parait que c'est une fois par mois, depuis deux ans, "sauf les trois mois les plus froids". C'est à l'initiative d'un mec que j'appelle Attila, d'une femme qui, comme Colette ou plutôt Trintignant, sait lire et c'est à cause de Bérengère au nom imprononçable.

C'est le genre d'info que je préfèrerais garder pour moi, voyez.



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