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mardi 3 février 2015

Les nouveaux sauvages @ Louxor

Répondre à l'exercice de style par l'exercice de style

Il y a cette idée selon laquelle, comme une cocotte minute prête à lâcher du leste, on serait gonflés à bloc. Le quotidien nous le rappellerait tout le temps. Comme si: la veille d'une révol(u)t(ion)e. Sauf que les causes se sont toutes faites griller sur l'autel de la street cred. Que la solidarité ne fonctionne que pour l'achat de paniers biologiquement sains (étiquetés). En bref, comme si rien n'allait se passer. Et pourtant, à chaque pas, à chaque trajet en métro, à chaque file d'attente: les nuages grondent. Donc, comme si nous étions tous sur le point d'exploser à cause de tout et rien. Imprévisible certitude: le sujet des Nouveaux Sauvages. Humour grinçant, violence réelle, quotidien d'Amérique Latine, de Buenos Aires (le même que Paris ou Istanbul).

Pendant l'un des courts qui composent l'ensemble, deux hommes se battent à l'arrière d'une voiture. Impossible de ne pas se dire que s'ils s'arrêtaient et se voyaient, ils rigoleraient. Futurs meilleurs amis du monde. On pourrait un temps se demander s'ils sont malades de l'Histoire ( https://www.dailymotion.com/video/x2f764j_l-homme-malade-de-l-histoire-frederic-bas_shortfilms?start=558 ) mais elle n'apparait jamais. Absente. Inexistante. Pas intéressante. Reste le Présent, personnage principal du film et de nos vies bien que jamais reconnu comme tel. Un présent qui prend à la gorge, veut se venger du passé ou préparer un avenir - à condition que ça s'intègre à l'ego de l'instant. Hyper sensibles et incapables de recul ou de réflexion, tous les personnages sont prisonniers d'un self-contrôle, d'un sens extrême de l'auto-censure jusqu'à ce qu'arrive le déclencheur (détonateur et explosif - la profession du personnage du sketch central est bien sentie) qui les fait craquer. Mais cette péripétie de trop ne les libère pas, elle laisse au contraire s'échapper un contenu (rage, hystérie...) acide qui n'a jamais rien à voir l'idée d'issue ou de retrouvailles. Montée d'adrénaline certes mais descente aux enfers en simultanée. A part de l'ultra-kitsch et peu réaliste sketch des mariés, la fin est sombre. Reste que le film tend malheureusement trop souvent à céder à la facilité de la caricature (même si personne n'est épargné - l'employé de maison exploité depuis 15 ans à tondre des pelouses et ranger des voitures vaut autant que son employeur et son rôle d'esclave n'est que circonstanciel: à chaque instant, une inversion des rôles semble tout à fait possible). Le pire étant le sketch du restaurant dont le synopsis rappelle le western/le court-métrage de fin d'année de la FEMIS (ce qui n'est pas un compliment). Dommage,  on aurait bien aimé adhérer.




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