Hier, à 13h, un professeur de yoga disait que l'esprit était une maison aux portes et fenêtres grandes ouvertes où les pensées seraient de simples courants d'air.
Hier, à 17h, Monsieur G. disait qu'il était bien normal que le désamour suscite une profonde tristesse et qu'il fallait se laisser aller à la ressentir.
Hier, à 19h, le RER A a successivement subi des problèmes de signalisation, un voyageur malade, un colis suspect et l'assaut de masses de commuters épuisés, irrités.
A 20h, dans le froid de la nuit banlieusarde, entre les maisons féériques et plastiques, mes deux D. m'ont accompagnée à l'Espace Michel Simon: on y jouait Gardenia. Les bruits de couloirs mentionnaient Avignon, "ah", et Paris, "oh", parce que ce qui se passe à Avignon, c'est particulier tu vois. Et puis, la critique et le public ne sont pas obligatoirement du même avis. Résultat, on a eu de bonnes places dans une salle belle et propre, juste assez vide pour que l'ambiance soit intimiste.
Toute la question ensuite, est de savoir comment survivre à l'exhibition de la vie telle qu'elle est: fragile et incertaine. Une histoire de conviction, un acte de foi. Parce que les personnages sur scène n'existent que si l'on croit en eux, leurs paillettes ont besoin du regard du public pour briller, leur démarche de son amour pour tenir. Et la surcharge symbolique, du parquet-salle des fêtes aux chaises cabaret, de la perruque blonde au gras de ventres vieillissants, la présence de la femme, de l'homme, de la musique et des va-et-vient qui obligent le spectateur à construire son histoire: la mise en scène n'est pas une caméra, l'œil est libre et condamné à choisir. Le fil d'Ariane est, comme qui dirait, dans ton cul.
Quand ça se termine et que la boucle est bouclée, les applaudissements sont étranges et les personnages, des humains palpables. C'est-à-dire que leurs costumes étaient moins des masques que des mains tendues et qu'ils sont toujours là, à fleur de peau, à la tombée du rideau.
Je crois que c'était beau parce que c'était vrai.
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