A cause de D., Guy Maddin est entré dans ma vie. Au rythme doux amer de The Saddest Music In the World. Rêveries et fantasmes se sont mêlés à ma vie et à ma
vision du cinéma. Et puis D. est partie au-delà de l’océan, me laissant pas mal
seule et avec du temps à tuer. La Maison Rouge, tout le monde en parlait. A
cause de son salon de thé so british. A cause aussi d’une expo-fiction sur un malade mental qui aurait comparé la classification des maladies mentales à celle des produits surgelés Picard.
A cause enfin et surtout de My Winnipeg. L’expo du moment.
J’étais donc avec E. et V. qui ne se connaissaient pas et
qui ne savaient pas de quoi il retournait. Moi non plus d’ailleurs, pour être
tout à fait honnête. Et l’entrée en matière, espèce de mise en bouche sauce
cabinet de curiosité, nous a un peu désarçonnées. On se regardait, on ne se
connaissait plus. On trouvait ça un peu con et on pensait aux photos amateur
des années 90. On ne voyait pas le rapport. On se regardait encore. C’est là qu’on
a sorti les notes qu’on nous avait données à l’entrée, qu’on les a feuilletées.
On a un peu mieux compris mais pas tellement puisqu’on n’y trouvait pas ce qu’on
cherchait. On a fini par se dire « ok, puisqu’on est là, laissons-nous
happer. »
On a d'abord découvert le concept de diorama. Miss ChiefEagle Testikle nous a pris aux tripes, coupant net toute éventuelle envie de
rire. On a souri, on a même frissonné de cette sensation bizarre mi-histoire
naturelle mi-évènement conceptuel. On s’est senties grave touchées par la
mélancolie du personnage. Pour l’autre on a compris le concept de tabula rasa
et la haine de ce que les racines ont d’immuable. On s’en croit débarrassé
alors même qu’on ne peut rien faire d’autre que de lutter ou accepter. L’artiste qui voudrait être comme ses petits
personnages armés, à décimer son passé, criminel en série. Les personnages qui
sont neutres et mornes tandis que leurs cibles sont vives, multiples et
variées.
Ensuite on a vu le rideau et on s’est engouffrées, enfin,
dans My Winnipeg, au premier rang de la salle de projection. Du grand Maddin.
Du beau Maddin. Du fou Maddin. Comme ça durait 80 minutes et que ça filait la
nausée, on n’a pas trainé. On a eu le temps cependant de voir comment les
bâtiments et la géographie de la ville venaient se superposer à l’histoire
personnelle du narrateur pour transformer le document(aire) en film d’action,
de romance et d’initiation. On est ressorties de là avec une nouvelle perspective,
prêtes à affronter la suite.
Une suite riche et variée que je vais pas non plus te
raconter en détail. Un mélange de kama-sutra sauce nineties, de travaux propres
aux jeunes et aux étudiants et d’un montage Maddin-esque et merveilleux qui m’aurait
absorbée toute la nuit sans la contrainte des horaires d’ouverture et des
conventions sociales.
Bref. Bière. Bande de potes. Encouragements. Discussion. Dodo.
Et puis aujourd'hui, ça: je te dis que ça valait le coup.
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