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jeudi 1 décembre 2011

A mes amis les Nymphéas

Hier, je n’avais pas envie d’aller où je devais aller. 

Avant-hier j’étais retournée à Orsay avec C. et avais voulu en profiter pour voir l’Orangerie et son expo. J’avais un sacré souvenir du MNAC, Museo Nacional d'Art de Catalunya depuis Barcelone. J’aime de toute façon beaucoup les couleurs des toiles peintes entre le XIXe et le XXe. Seulement, l’Orangerie est fermée le mardi, ce qui ne m’a pas beaucoup aidée. 

Hier, mercredi, entre Montmartre et Boulogne, j’ai fait une pause à Concorde. Il était 17 heures parce que j’avais trouvé la mise en route impossible. J’avais l’impression de marcher contre un mur en verre et que le mur allait finir par avoir le dessus. 

A 17h le 30 novembre, la place de la Concorde est rose et jaune et grise. Il reste peut être un peu de bleu, surtout dans les néons des cahutes qui remontent les Champs en direction de l’Arc de Triomphe. Le marché de noël paraît presque beau dans la pénombre. La grande roue t’éblouit parce qu’elle allume ses phares blancs sous ton nez, entre la bouche de métro et l’entrée de l’Orangerie. Et quand tu grimpes dans le jardin des Tuileries, en direction du musée, tu vois la Tour Eiffel qui fend le ciel et tu sais que c’est cliché. Tu t’en fous, c’est trop beau. 

A l’entrée, le vigile t’explique qu’il ne te reste que 45 minutes de visite, au cas où tu hésiterais. Tu lui montres ta carte d’abonnée, il s’en balance. Et puis tu rentres. Là, en ce qui me concerne, plutôt que d’aller me jeter dans les bras des peintres espagnols, j’ai avancé tout droit, j’avais besoin des Nymphéas. Déjà parce que j’avais récemment assisté à un évènement, dans la mairie du 6e, qui m’avais charmée. Le prix Pierre Lafue et son côté suranné, j’ai eu la chance d’y être invitée par V. 

Le lauréat, cette année, jeune avocat fougueux et hyperactif, pas trop mon genre, avait écrit un livre sur l’amitié entre Monet et Clémenceau. Dans l’absolu, les discours et l’ambiance me ramenaient à un passé, précisément celui auquel j’essaie d’échapper. Seulement voilà, je n’avais jamais entendu parler de Pierre Lafue. Et le discours d’Alexandre Duval-Stalla était beau, vrai. Donc, à cause de cette histoire d’amitié, j’avais besoin des Nymphéas. 

Paisibles, doux et beau, ils m’ont calmée et comme armée pour ce qui restait à venir. L’eau et la nature, impénétrables. L’ordre suprême du sujet, sa simplicité désarmante et son traitement majestueux. 

Après, les espagnols, les sourires des femmes et les formes des toiles. L’exposition est brève, on y retrouve des toiles du MNAC et du Musée d’Orsay, des collections particulières. Un tableau, à l’entrée, une jetée représentée dans ce moment de la journée qui pourrait être à 17h un 30 novembre. C’était si beau que j’avais envie d’y frotter mon corps entier, particulièrement ce qu’on appelle le plexus solaire. Je pensais qu’avec un peu de chance, les forces qui composent la toile entreraient en moi et que plus rien ne m’atteindrait. C’était illusoire mais peu importe, c’est ce qui compte pour moi. Ce qui m’a permis ensuite, à la fermeture du musée, de retourner dans le métro puant et d’arriver à destination à temps. 




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