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vendredi 7 décembre 2012

Museum of Everything @ Chalet Society

Where I made a work of art for you with wax pencils and white paper

On a souvent tendance à distinguer deux types d'arts: les Beaux Arts intelligents, consensuels et esthétiques (et donc parfois surfaits) / l'Art Brut épidermique, sporadique et accidentel (et donc parfois pauvres). J'ai pour ma part un autre radar: il y a ce qui me touche et ce qui m'indiffère. Et il se trouve que cette distinction, la mienne, ne recoupe en aucun cas l'autre, l'officielle. C'est que bête comme je suis je me fous totalement de la théorie. Je trouve intéressant que les gens, même artistes, prennent position, agissent en réaction à, produisent de telle ou telle façon pour telle ou telle raison. C'est bien. C'est ce qui fait avancer la chose qu'on appelle pensée et qui finit par devenir texte figé en notes noires sur fond blanc. Tu sais, ce truc indigeste sur lequel tu t'es explosé la rétine et les méninges sans jamais vraiment rien capter. Pour moi, à Paris, le Louvre et la Halle Saint Pierre c'est pareil: j'y vais pour me laisser surprendre sans jamais trop savoir par quoi avec le risque finalement de m'ennuyer. Je sais qu'il y aura autour de moi ce qu'on appelle des oeuvres d'art sans que je sois vraiment capable de comprendre ce qui les différencie de travaux d'artisans de talent ou de délires d'enfants créatifs. En théorie, j'entends. Parce que parfois je ne peux pas faire autrement que m'arrêter devant un mur ou un socle, la main à la bouche (s'accrochant à ce qu'elle peut et faisant office de camoufle émotion). C'est je crois ce qui m'est arrivée dans la pièce consacrée à George Widener au Museum of Everything, truc un peu hype dans un lieu incroyable à deux pas du Bon Marché. 

C'était pas vraiment prévu qu'on y aille. Je n'en avais jamais entendu parler et si j'avais su j'aurais hésité bien qu'il y ait tout une partie de l'exposition tellement similaire à la HEY! n°1 que c'était pour moi assez logique d'y aller. Je sais, incohérences. C'est que j'essaie de refléter la vie comme elle est. On sortait d'un rendez-vous et on avait le temps. Souvent ça se résume à ça. Une fois sur place, soufflés par la beauté du lieu on se pose mille questions. Moi, comme à mon habitude, je me demande dans quel traquenard pour bobos je suis tombée. Comme à mon habitude j'ai un peu raison, les photos sont interdites sous peine d'amende. C'est écrit sur tous les murs de cette usine désaffectée qui se donne un faux air de squat. Je m'énerve. Je trouve les textes explicatifs condescendants et fatigants. J'ai presque envie de péter les oeuvres pour me faire entendre. Je manque sincèrement de sympathie. Je n'aime pas les quelques personnes que je bouscule au passage, j'ai l'impression de voir un croisement entre des scouts et des hippies. Je pense que c'est bientôt la fin du monde et ça me rassure. Sauf qu'à un moment donc, George Widener et ses chiffres. Le mec qui lit les codes du monde bien plus à fond que moi qui pourtant déjà et qui avec ses chiffres et ses interprétations en mille feuilles fait naître une poésie visuelle et mathématique de ce qui à l'origine est une boule d'angoisse acide capable de détruire tout sur son passage. Plus loin un russe malade mental et ses armes, affreux et touchant comme un enfant. Il n'y a pas que ça mais ça déjà ça me scotche, comme une claque bien méritée dans ma gueule de pétasse snob. 

C'est sur trois ou quatre étages, à chaque nouvelle pièce une nouvelle surprise, bonne ou mauvaise - au bout d'un moment on s'en fout c'est comme les States à Paris. On se croirait à Seattle ou en Californie et les lumières et le côté accessible de l'ensemble. Pas de prise de tête. Pas de diplômés de Grandes Ecoles. Pas de Hautes Etudes. Juste des gens qui font des choses parce qu'ils en ont envie. Et des gens qui exposent ces choses que font les gens parce qu'ils en ont envie. Et un lieu qui s'y prête. Et une coupure sous forme de claque qui fait du bien. A la fin il y a une boutique hors de prix, pour hipsters bobos scouts écolos hippies et une cafétéria où tu peux manger un crumpet au Marmite tout en dessinant avec des pastels gras un peu usés sur des sous-mains en papier. Là aussi j'ai pas fait exprès mais je ne savais pas trop quoi penser de l'expérience que je venais de faire. Si ce n'est que tant qu'à avoir payé cinq euros pour voir de la merde en barres autant en profiter à fond et voler un bout de papier pour sur-emballer un cadeau déjà emballé. Histoire de finir le truc en beauté. 



George Wiedener - Friday Disasters

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