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jeudi 6 novembre 2014

Spiricigo @ 104

Il y a ce truc avec la photographie. Impossible de l'expliquer mais il existe. En comparaison la musique serait une drogue dure et impérieuse qui entrerait par les pores et mettrait à nu les circulations du désir par le décrochement d'une hanche ou d'une épaule, par l'irrésistible trémolo d'un genou. La photo c'est plus net et plus diffus à la fois. Une prise très forte sur la gorge mais pas non plus d'impossibilité de respirer. Une empreinte indélébile qui si elle touche la rétine ou le coeur s'installe dans la poitrine à l'endroit du joli petit punctum - souvenirs, sensations et respirations se rejoignant enfin. Une drogue finalement tout aussi intéressante que la musique mais plus difficile à trouver. J'entends par là qu'on avait eu la chance de se faire Mark Cohen, Sergio Larrain, Nan Goldin et Anders Peterson à des moments où sans la photo on aurait sombré. Un peu comme si, cliché: l'art nous avait sauvé et puis depuis, niet. Rien. 

Novembre, Paris. Mois photo. Médiatique matraquage. Mais. On n'avait pas d'argent pas envie d'aller loin. Les photographies de Spiricigo vues ça et là m'avaient intriguées - j'y avais revu des contrastes et sujets assez Peterson, il y avait ces lignes et ce cadrage, surtout dans une photo, qui m'avaient rappelé Larrain. On a donc essayé. 

S. ne voulait pas me blesser, il regardait ses pieds. J'ai tiré sur sa manche, je l'ai secoué. Il m'a parlé de masturbation autour de la question du temps. Il a dit homme, animal. Il a soufflé, compatissant. On est allés regarder le texte de présentation - à posteriori, comme on devrait tous le faire. On a soufflé. J'ai mal aux os tellement le dernier fix photographique de qualité date. 





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