L'envie me pousserait très facilement à affirmer que quand on nait avec une cuillère en argent dans le bec, on n'a pas grand mérite à savoir correctement avaler la bouillie. A. & D. m'en avaient dit le plus grand bien mais le bouquin dédicacé de Sagan à son amie, la maman, m'a fait émettre un souffle dédaigneux, bruyant et jaloux. Parce que moi aussi j'en ai, des bleus à l'âme. A. est tout à fait d'accord à ce sujet, surtout que ça ne vous regarde pas.
Mais toute cette bile ne dit qu'une chose: c'est que j'avais peur, on parle de mort ici. Pour de vrai et pour toujours. Les bijoux ont beau être Chanel, ils n'en sont pas moins intimes. La vache a beau être en plastique, elle n'en est pas moins émouvante. La girafe Sophie pour nouveaux nés s'appelle Monique et est empaillée, géante et glacée pour figurer la morte: un au-delà des larmes. Et puis ces images et ces films, ces histoires de cartes. Ne vous faites pas de souci: j'ai peur, c'est bizarre, c'est bête mais ce n'est pas grave - j'ai ma vache.
A l'heure du dernier souffle, rien ne se voit et tout se sent. Les corbeaux chantent avec leur voix grave et imbécile et la mère disparaît entre la glace et l'eau.
Amen.
Enfin ces mots, Ph. Roth:
"Voilà ce qui arrive quand on écrit des livres: ce n'est pas seulement qu'une force vous pousse à aller à la découverte des choses; une force les met sur votre route. Tout à coup, tous les chemins de traverse se mettent à converger vers votre obsession."
Jusqu'au 27 Novembre, dans l'incroyable sous-sol du Palais de Tokyo
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