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mercredi 12 janvier 2011

Another year, le regard en coin et la clope au bec.

Je ne sais jamais trop quoi penser des films britanniques scandés par la consommation frénétique de cup o'tea, tant ils me renvoient à un mythe originel très personnel. Cependant, assise dans le confort du velours rouge devant le dernier Mike Leigh, je me sentais particulièrement mal à l'aise, comme si le fauteuil était devenu chaise branlante, mes membres liés et mes yeux grands ouverts (comme dans une scène d'Orange Mécanique) me forçant à voir jusqu'au bout ces racines faussement saines et à me confronter au fond du problème.

C'est qu'au premier abord, le couple Tom & Gerri ressemble à une vision prometteuse d'un avenir fantasmé (j'ai toujours rêvé de devenir "psy" - une étiquette qui m'irait bien - et j'ai un ami géologue: je ne suis qu'à quelques encablures du mirage). Si je n'avais pas été seule dans la salle, j'aurais probablement passé mon temps à signaler les ressemblances entre leur monde et le mien: preuves d'un futur clément et prospère, les détails rassurent. Mais le film grince, doucement certes et très lentement mais il grince et ça fait mal aux dents, prend le crâne en étau et brûle la rétine. C'est qu'il est mention de condescendance: Mary nous énerve à venir gâcher la photo de famille et Ronnie le frère a l'air d'un con anachronique mais dans leur posture, toute caricaturale qu'elle soit, on sent quelque chose de plus vrai et de plus chaleureux que dans le monde parfait de Tom & Gerri. D'ailleurs, dès les premières scènes, on voit dans leur position professionnelle à quel point ces trois chérubins ont quelque chose de dérangeant: une auto-satisfaction qui les rend absolument sourds et aveugles à ce qui les entoure (c'est d'autant plus vrai chez le fils, Joe, plus jeune et pur produit d'une vision du monde). 

Alors oui, port d'attache pour amis déconfits et modèle d'une vie qu'on voudrait pour soi mais Tom & Gerri sont à la vie ce qu'Ikea est à ma maison: un catalogue où piocher des éléments sans faire d'overdose au risque d'oublier le naturel et l'humain, de devenir une pauvre caricature d'être humain sur papier glacé.


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