A., C., D., D. et E. s'étaient désistés mais restait l'injonction: ECRIRE. C'est probablement le texte le plus ancré en moi, dans mes veines et dans les battements de mon coeur, quelque chose de l'indicible de cette encre noire fatiguée sur la pulpe de doigts blancs. Restait J., le pauvre, qui n'avait rien à faire là si ce n'est m'accompagner. Alors on est allés à la Place des Fêtes où le m² est plutôt à 5000 qu'à 10 000, on a vu des gens dans une salle toute de plastique jaune, on a descendu les marches et on s'est assis dans le noir, face aux feuilles et aux draps blancs.
D'emblée, j'ai été gênée par le jeu, par le masque Duras-ien porté par les deux femmes, par leurs poses solennelles et par la distance d'avec moi-même. Parce qu'il est question de solitude, de viscères, d'amour et d'hystérie. Parce qu'elle en fait déjà trop dans les mots mais que c'est une histoire vieille comme le monde: je suis là mais je ne sais déjà plus où, entre whisky et larmes, et je ne veux déjà plus vous voir.
Avant que ça commence, j'avais remarqué les miroirs, j'avais vu comment on se voyait de spectateur à spectateur, j'avais senti qu'on allait se frotter à elle. Alors quand j'ai vu la harpe, j'ai aimé: elle sonnait juste et laissait les doigts exprimer la grâce et la douleur, l'harmonie et l'horreur d'être femme. Parce qu'il est question de ça aussi, de la virilité de mots brisés par le bec de mecs, de leur capacité à déchirer nos chairs de femmes. Et puis elles étaient belles, douloureusement belles. Brune et blonde, infini des visages d'un soi torturé au point de chialer sur la mort d'une mouche.
C'est là que je me suis rappelée que ce débordement n'était pas tant un excès qu'une libération, que pour être soi il fallait aussi n'être pas attendue, que pour exprimer il fallait sortir du lisse et du convenu, il fallait provoquer: pour être entendue il faut dire. Alors quand les feux femmes-vecteurs se lançaient le texte d'un bout à l'autre de la scène et qu'elles nous faisaient rêver avec leurs jeux de miroirs illuminés, on sentait toute l'importance du moment et on regrettait l'absence de notre alphabet intime.
C'est là que je me suis rappelée que ce débordement n'était pas tant un excès qu'une libération, que pour être soi il fallait aussi n'être pas attendue, que pour exprimer il fallait sortir du lisse et du convenu, il fallait provoquer: pour être entendue il faut dire. Alors quand les feux femmes-vecteurs se lançaient le texte d'un bout à l'autre de la scène et qu'elles nous faisaient rêver avec leurs jeux de miroirs illuminés, on sentait toute l'importance du moment et on regrettait l'absence de notre alphabet intime.
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