Samedi à 13h, D. me promettait un intense orgasme synaptique à condition que je l’accompagne à l’Ecole Normale à 14h. C’est qu’il s’agissait de R.B. et de disputes scolastiques, i.e. faut-il avoir mangé une saucisse en sa présence pour être légitime, faut-il écrire une Evangile selon sainte Julia K. ?
D’abord et surtout, il s’agissait de Mythologies vêtues d’orange, dernière publication illustré des 53 textes déterminants de R.B. On y parle du langage dans le langage, du contenu pénal des mots dans les rapports sociaux et du projet sémiologique d’un jeune chercheur à la surface sémantique des relations, du paraître social. Et puis l’on dit que R.B. est un photographe sans l’appareil : il n’est pas devin mais il voit le catch sans la télé avec le cadrage de la télé. On s’intéresse aussi au rapport entre photos et légendes, prise de vue et sujet traité : la genèse d’une mythologie qui serait tant le fruit d’un constat sociétal que celui d’un acte de foi (d’une prise de position, d’un engagement – artistique). On appuie sur le combat qui préside et découle de tout cela.
C’est là que vraiment les choses se gâtent, parce que le R.B. de X. n’a pas forcément choisi ces photos-là tandis que celui de Y. n’est pas que chroniqueur même si Z., dans tout son stoïcisme, arrondit les angles à coups d’euphémismes. Parce que le réel est [radicalement] aliéné par la puissance sociale, il faut prendre des positions de principe : il y a de la vérité quelque part. C’est là que J. dit à F. quelque chose de fondamental :
- « Je n’ai pas assisté aux cours de R.B. : je n’étais pas née. »
- « La politique c’est hic et nunc. »
Alors, pensant à D., capable de prendre les Soirées de Paris et de les dépecer à l’aide d’un scalpel à double tranchant d’une ironie scientifique et merveilleuse mais éventuellement infidèle aux intentions de l’auteur, j’ai voulu me lever et crier : Roland Barthes est mort, vive Roland Barthes !
Mais personne n’aurait compris la raison de ma fougue, ma défense de ses anecdotes en soi et mon refus de sa disparition dans le carcan d’existences carburant aux restes de sa substance.
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