A une demi-heure de la fermeture, je retrouvais A. l'oiseau devant les grilles de la rue Chaptal. Des vies entières d'absence et une demi-heure pour se retrouver et vivre l'expérience de la vie romantique mode muséographie. C'est tout à fait possible. D'abord, techniquement, parce que le musée est de taille restreinte, mais aussi parce que le temps ternit peut être les amitiés (c'est du moins ce que me disait K. la veille, au son du Kid), il n'a aucun effet sur les affinités. Et retrouver A. était comme reprendre un chemin familier où il est question de douleur assumée et d'acuité de vivre, où visiter un musée ne signifie pas bêtement étudier les textes et suivre les guides mais batifoler avec les oeuvres.
Nous avons donc aimé la lumière des ciels de la Russie romantique, plaint le piano caché, admiré l'exotisme familier des intérieurs et pris Madame de Staël pour une guenon (mea culpa). Bien plus encore, nous avons pris possession du lieu et, comme deux maîtresses de maison, nous parcourions les salles avec classe et fierté, une tasse de thé imaginaire entre le pouce et l'index, toute absorbées dans l'étude de l'arbre généalogique de Georges Sand et perplexes devant le reste de ses cheveux.
Evadées, dans ce Paris hors Paris. Soulagées d'être loin des foules des grands magasins. Enchantées par le cadre et la musique. Parce que parfois une atmosphère suffit, d'autant plus quand elle se vit en bonne compagnie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire