« Bien que, par mesure de défense, parfois, cette activité ait été dite, par nous, "expérimentale", nous y cherchions avant tout le divertissement. Ce que nous avons pu y découvrir d'enrichissant sous le rapport de la connaissance n'est venu qu'ensuite. »
André Breton
Il faisait si beau que nos nez rougis et nos voix brisées se sentaient anachroniques. On savait Slick et pas Fiac bien qu'on ne comprenne pas trop la langue du hype et de l'art. Je voulais emmener J dans la maison où Molière était mort parce que c'était quand même un putain de poignant comme poète, ce mec aux allures de comique. On se disait que c'était gratuit, original et pas trop long comme calvaire pour un non initié.On était tous les deux d'accords pour dire que Lautréamont envoyait du lourd, et que le précepte "beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie" nous parlait bien. On connaissait pas trop le quartier de Bourse.
Après c'est sûr qu'on était pas forcément en mesure de tout comprendre mais on trouvait épatant l'utilisation des couleurs et on kiffait grave la rampe d'escalier branlante. Personnellement, j'étais enthousiasmée par les craquements du parquet sous mes pas et les éclaboussures qu'affichaient certains murs. Mais ce qu'on a surtout aimé, c'était chercher le qui du quoi, les titres et les artistes, les visions et les armures que certains sortaient pour se parler dans l'intimité du papier Canson. On se prenait pour des voyeurs et on y prenait un vrai plaisir de gosses. On pense même avoir trouvé deux nains aux bites disproportionnées en train de squatter les épaules d'un géant.
En arrivant on était passés devant l'autre versant du même mouvement, son côté chic. On n'aurait jamais osé entrer. Là on savait qu'on ne pouvait pas se les payer. On savait aussi qu'on n'en pipait pas la moitié et que les noms nous étaient honteusement inconnus mais on s'en foutait pas mal vu qu'on souriait.
//Pictures home and hand made//
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