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mardi 12 juillet 2011

Corps possibles: anatomie de la sensation pour Francis Bacon

En juillet, on te le dira, c’est plus du tout la saison de l’Opéra. Sauf qu’ en juillet 2011 à Paris il y a un ballet, pas de public, mais un beau ballet tout de même. Résultat hier, on a eu 3 des 800 places encore disponibles pour voir Anatomie de la Sensation pour Francis Bacon by Wayne McGregor; ce qui pour moi était génial, l’apothéose d’un chemin hasardeux et jamais choisi commençant par Deleuze et passant par Londres. Et j’étais là, pendant une heure dix très exactement, à boire des yeux les torsions et les saccades de la scène, à déchiffrer les restes d’un suicide parisien. Parce que le hasard avait voulu que je sache ce qu’il en était des écorchés et des boxeurs, que mon corps connaisse les contraintes du mouvement.

Et tu vois, j’ai beau aimer danser, regarder les autres danser ne me transporte pas systématiquement. Oui mais là. Parce que là tu vois, il y avait la grâce et la violence comme « appétit merveilleux pour l’amour ». Parce que là tu vois, les hommes avaient des corps à nous faire pleurer tandis que les femmes ressemblaient à des oiseaux blessés. Parce que là tu vois, les tableaux s’enchaînaient me rappelant combien là, et seulement là, il y a une place pour moi. C’est pas que je te quitte ou que je te rejette, c’est plutôt que pour te supporter, il me faut cette chose indescriptible, ce lieu imperceptible où l’homme exprime plus loin que les mots.

C'est pour ça que je suis si heureuse: hier, j'ai vu du possible, j'ai vu du nouveau, j'ai enfin vu quelque chose d'autre qu'une simple glose autour d'un sujet tendance (parce que, dans le monde de la culture, on n'appelle pas tout à fait ça de la hype mais on a une approche tout aussi convenue et épuisante des sujets tendance). Hier aussi c'était beau mais pas dans le pathos, ou en tout cas pas dans une émotion labellisable. C'était un de ces moments justes et vrais, c'était du sacré bon boulot.

Je le répète donc, encore une fois, ne cherche pas à trouver ici une critique constructive, ne me fais pas cet affront. Entends juste, comme à chaque fois, l’importance que j’accorde à ça. 



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