En ce moment les choses changent. Phrase choc, phrase bidon, phrase redondante. Limite phrase-ponctuation. Oui mais bon, c’est vrai. C’est juste qu’on est dedans et qu’on a un peu de mal à gérer.
Entends-moi bien, je parle de choses aussi évidentes que la génération Internet, l’obscurantisme au pouvoir, les soubresauts de l’économie et la mort de la morale. Aujourd'hui, on est plus pauvres que nos parents, on a peur de tout, on ne sait pas quoi faire, on s’observe et on s’imite. On est blasés de tout. Tourmentés par nos terribles responsabilités : pollueurs, malfaiteurs, exploiteurs. Nous autres occidentaux au cul méchamment bordé de nouilles sommes coupables de la maltraitance des animaux et de l’imminente fin du monde. Nous autres occidentaux méprisons l’art bourgeois mais adorons l’art préfabriqué, mastiqué, surtout s’il est décoratif.
Bref, on aime tous Bref et on le dit d’un clic blanc sur bleu. Jusque là, rien de bien nouveau. (2 :26)
Oui mais voilà, quand on vit dans ce monde là et qu’on veut pas sombrer dans le énième remake de l’Allégorie de la Caverne, on risque la paranoïa. On ne sait plus par quel bout on est manipulé, on arrive rarement à voir le vrai et quand on le voit le plus souvent ça pique.
Tout ça pour dire : Polisse. On pourrait parler pendant des heures de la famille du cinéma français. D’une espèce d’opportunisme. D'un style connu, presque convenu. De certaines évidences. Du risque de la condescendance. Cela ne m’intéresse pas. C'est-à-dire que j’aime Maïwenn depuis le Bal des Actrices. Que je vois en elle beaucoup de choses et surtout une espèce d’honnêteté du regard. Je crois que Polisse c’est ça : une question qui pourrait, qui devrait peut être appartenir à l’obsolète. Une question pourtant éternelle et naturelle. La balance du bien et du mal. L’impossible absolu.
Le choix des acteurs est pertinent. L’écriture est souvent juste. La gestion de la temporalité parfaite. Le sujet doux amer. La banalité du mal. L’horreur du quotidien. Et dans tout ça, une personne qui observe et qui demande : « dites, vous voyez ce que je vois ? ». Rien de plus, vraiment pas.
J’ai chialé au moment le plus fort. Comme tout le monde. J’ai entendu le gros chien méchant dire à la bourgeoise d’aller se faire foutre avec son empathie, j’ai parfois trouvé ça gros. J’ai trouvé les flics caricaturaux, c'est-à-dire humains. Je pense que le sujet n’est pas facile et qu’il n’est pas mal traité. Je crois que c’est déjà ça. Que c’est déjà beaucoup.
Il y a les lois et il y a la vie. Il y a le mépris de certains, la naïveté désarmante et catastrophique de beaucoup. Il y a les blessures et le passé, la culture et ce qu’on en fait. Et puis il y a ce film que j’aime parce qu’il flirte avec la réalité grâce à la fiction. Ce film qui n'a pas peur des mots tels qu'ils sont. Parce que ce n’est qu’un film mais putain quel film.
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