J’ai une relation particulière à Orsay, presque intime. Je crois que c’est à cause du souvenir de l’effet que m’a fait ma première visite et puis aussi, forcément, à cause des impressionnistes. Les chaumes de Cordeville, coup de foudre. Mon premier amour. Le premier achat en boutique de musée, avec mon argent de poche et la promesse de ma mère de m’acheter un cadre pour l’afficher dans ma chambre. Mamie avant l’heure, peut être.
Je sortais d’une matinée longue et perturbante, j’avais promis d’y aller. J’avais envie à la fois de revoir les impressionnistes dans ce nouvel écrin dont on parlait tant et de visiter l’Angleterre d’Oscar Wilde mode bonne grosse expo. Je sais, Wilde et ses aphorismes à tous les coins de rue, sur les pages des agendas adulescents, tatoués au sang (infecté si possible) dans la chair des plus mélancoliques. Mais Wilde, quand même. Et puis j’avais lu qu’il y aurait du Beardsley alors. Impossible de résister. De toute façon l’attitude über-snob qui dédaigne les expositions conventionnelles ne me va pas, je suis bien trop mainstream pour ça.
Et grand bien m’en fasse.
Déjà, je t’explique, je dis à tout le monde que la vie de freelance me permet de profiter de Paris quand « les autres » sont cloitrés dans des bureaux. Oui, je laisse volontairement mon auditoire croire que c’est d’une ville déserte dont je dispose en son absence. Faux. Le musée à 14h le jeudi, c’est le musée du groupe troisième âge ou scolaire. Ce qui d’une certaine façon revient au même. L’occasion quoiqu’il en soit d’avoir plus de détails que n’en prévoit le programme de la visite simple. Quand tu rajoutes au discours interminable du guide les échos qui débordent des audio-guides (espèce en quasi surnombre dans la tranche horaire dédiée aux anti-sociaux retraités-scolaires-&-freelance). Bref (mainstream, je t’ai dit).
L’expo, elle fourmille de détails. J’ai appris par exemple que les tournesols représentaient la beauté vigoureuse tandis que le lys reflétait son aspect plus contemplatif et féminin et que le paon, lui, parlait d’orgueil de la beauté. Ça t’en bouche un coin, hein ? J’ai aussi recueilli mille et un détails sur les processus de fabrication des chaises. Et j’ai à peu près compris pourquoi ce moment, dans l’histoire du Royaume Uni et de l’art en général était intéressant. A peu près. Ce qui fait que j’ai fait une grosse dose de Wikipedia-search en sortant pour compléter ma visite.
Je voudrais terminer par ça, parce que ça serait presque un crime de ne pas le mentionner, et puis aussi parce que c’est typique de cette spécificité culturelle dont on n’arrive pas à se décrotter : à Orsay, le mot d’ordre c’est no photo. Alors oui, on comprend qu’il soit fatiguant pour les visiteurs traditionnels (par traditionnel j’entends plus ou moins high brow) de devoir observer les poses comiques ou maladroites que les badauds (low brow, jeune, inconscient ?) devant des œuvres d’art. On suspecte une peur pour les ventes de la boutique mais, soyons honnêtes, il n’y a absolument aucun rapport entre mes photos amateur et les reproductions disponibles à l’achat, quant au rapport à l’original… Tout ça pour dire, avec toute la partialité (de connaissances et de subjectivité que le mot comprend) : le musée foire d’attraction c’est pas terrible mais un musée plus funky, moins coincé et avec plus de détails croustillants sur le contexte d’une exposition, j’aimerais bien.
Donc, quand tu dis "Beauté, morale et volupté", va jusqu'au bout du propos: explicite.
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