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lundi 23 janvier 2012

Tout le monde veut vivre @ Théâtre de Belleville

C'est l'histoire d'une sortie au théâtre qui nous a rappelé pourquoi-comment c'était pas du cinéma. On savait vaguement qu'il y serait question de la mort et de l'humour. On avait lu conte cruel. On s'y retrouvait en couples, pour fêter 2012 puisqu'il en est encore temps. 

Au début, on voyait bien les acteurs et on entendait le texte, écrit dans le but précis d'être dit comme il l'était. On se sentait à la limite du boulevard avec ces gestes démesurés et les monologues de l'infecte personnage principal. Quelle vanité, qu'on se disait. Quelle superficialité. Sa femme, actrice blonde à la voix mi-basse mi-perchée, nous désarçonnait. Et la télévision, le landeau, les clochards. Oui, bon, Pozna, puisque c'est comme ça que le personnage s'appelle, Pozna veut pas crever. A aucun prix. A n'importe quel prix. 

photo : Nikhil Bhowmick - le Comte Pozna (Vincent Menjou-Cortès)

Au bout d'un certain temps, puisque le noeud de l'intrigue est la mort imminente et inéluctable, on se met à y penser, nous aussi. Puisque comme les acteurs qui jouent le rôle des personnages, on est de chair et de sang. Puisque comme les acteurs qui sont de chair et de sang et qui jouent le rôle des personnages, on est impliqués dans l'histoire, tant nos rires ponctuent leur jeu tandis que notre présence justifie la leur. C'est à peu près à ce moment là, celui de l'usure où le divertissement se transforme en piège, qu'intervient la pantomime. 

photo : Nikhil Bhowmick - la jeune fille et la mort

La pantomime donc. On est pas très bien quand elle commence. On comprend moyennement la mise en abîme. On voit le comte qui jubile, hystérique incarnation du cogito sur lequel notre monde est fondé. La jeune fille légère et gonflée comme une baudruche. Son museau de souris et sa voix haut perché. La mort silencieuse et menaçante. Elle ne nous fait même pas rire tant elle est crédible. Mais elle n'est qu'un homme comme un autre, un homme sur lequel la femme a tout pouvoir. Comme tout au long de la pièce. On se demande en effet quel spectre Hanokh Levin craint le plus, celui de la mort ou celui de la femme castratrice. 

Mais peu importe les considérations de l'auteur puisque le jeu des acteurs nous saisit et nous emporte dans cet indicible de la cruauté qui est la seule réponse humaine possible face à la mort. La pièce, au final, nous offre cette catharsis nécessaire, si souvent remplacée aujourd'hui par un douillet divertissement. On en sort un peu froissés mais libérés.


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