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vendredi 21 septembre 2012

Le Tampopoint au Rondgraphe

Ce qui était étrange hier c'est que la soirée semblait être placée sous le thème du contraste. Contraste entre le quartier du Théâtre du Rond-Point et la rue du Repos. Contraste entre le public du théâtre et celui de la librairie. Contraste entre les livres pour enfants et les cadres emplis de tampons satiriques qui les surplombaient. Contraste entre la voix de l'acteur et celle de l'auteur. Contraste entre la confiance des personnes publiques et ma propre démence. 

C'est qu'on y faisait une lecture de quelques textes du Tampographe Sardon hier, au Rond Point. On disait à voix haute ce qu'on avait tous plus ou moins l'habitude de lire en solitaire et dans le silence, cachés derrière nos écrans impersonnels. Les textes du Tampographe ont en effet pour composante des données tout à fait partageables: plume acérée, parfaite, musclée; tonalité humoristique exacerbée, moqueries bien placées, structure narrative ficelée avec péripéties et chutes bien senties - mais les textes du Tampographe viennent de plus loin et vont plus loin que de simples échanges polis entre artistoïdes à la syntaxe de niveau olympique. 

En entrant dans la librairie, j'avais ouvert quelques livres dont l'indication "rentrée littéraire" bien en gros sur la jaquette me faisait culpabiliser. Je cherchais à me faire des amis en mode arial. J'étais arrivée trop tôt, trop seule, trop vide. Il me fallait du carburant et le vin blanc ne pourrait me venir en aide qu'une fois la prestation scénique d'un bel acteur bien aristocratique du verbe terminée. J'étais mal. A un moment j'ai croisé une jeune vidéaste. Ce qui était pas mal parce qu'après avoir entamé mon quatrième tour de librairie, la seule quatrième de couverture que je n'avais pas encore lue était de Nancy Huston. En plus comme ça je pouvais montrer aux gens qui ne me regardaient pas que je savais aussi parler. C'est à ce moment-là, au plus profond de mon auto-obsession, qu'un mec en noir s'est mis à parler. Il a commencé avec le texte que je connais le mieux je crois, celui sur les chauves. La vidéaste ricanait. J'avais envie de chialer. Putain merde quoi, je ne suis pas la seule à lire ça. Ils me piquent ma dope et l'étalent en public ces connards?

Mais la vie et le talent c'est comme ça, fait pour être partagé. Et cette lecture vient après des mois de travail acharné (c'est du moins ce qu'en a dit le blog en acier trempé de l'artiste). Et il serait temps que tous les bien nourris sachent ce qui se trame dans leur dos: des machines à tampon tournent à plein régime caricaturant tous les Frédéric du monde. Il faut acheter le livre du Tampographe. Si c'est pas pour lui faites-le pour l'Association. Pour qu'il ait un atelier moins moisi. Pour faire joli dans votre salon, sur votre étagère, dans le grenier de votre mère. Parce que vous avez les moyens. Parce que c'est nécessaire. Parce que c'est comme ça et que vous ne le regretterez pas.

[Et le truc cool pour toi qui ne sait pas lire, c'est que les textes ne sont que les illustrations d'images très très bien saucées.]


Le Tampographe Sardon
Format 19 par 25 cm.
256 pages en quadri
39 euros.
Editions l'Association

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