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mercredi 3 avril 2019

Thomas SCHUTTE @ Monnaie de Paris

chips, acier, face

Il pense l'espace en volume, habité, matières et corps confrontés. La main malaxe la chair, le bras dessine dans l'air. On vit. Les expressions de visages, les mâchoires refermées post-mortem, la rigueur des méthodes, l'angoisse des petites histoires anodines dont les angles morts colonisent nos têtes. La statue présente un arrêt sur image et le temps, elle se confronte au regardant, fabrique la transe vertige. La statue happe, interpelle. C'est un morceau de vie répliquée, fabriquée, posée sur un bâton, transmuée en verre, en pâte à modeler. Ce sont les doigts qui voient ce que l'oeil subit. Rien n'est acquis.

Thomas Schutte apprit d'un peintre que l'on reconnaît très bien puis s'en détacha : ce que l'on raconterait pour le sens et le temps sauf que c'est impossible, que tout est dans un déjà-là attendant depuis longtemps de se manifester, de trouver place dans le monde qu'investit l'artiste. Se répondant, dans une langue nouvelle et sans l'autorité d'une grammaire, les visages pleins d'expressions, les façades vitrées, les angles des maisons : question de générosité. Il n'y a pas de frontière parce qu'il n'y a pas de limite parce que tout exprime un être là. Pièce en trois actes, lumineuse et parlante au centre : il y a une conscience qui sait, qui veut, qui inscrit une réaction au temps, qui nous invite à penser.

Thomas Schutte et l'échelle, Thomas Schutte et le dessin, partout le corps et le temps, partout le rythme. S'il y a question, elle s'adresse au dessin. S'il y a fonction, elle est ouverte: on nous demande de voir, de rire, de nous émerveiller. Oui, un chips et une boîte d'allumettes, absolument, la preuve en forme d'hommage. Et les narines de fumer, l'acier de s'oxyder, le verre de lentement couler.


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