Glaise
Fassbinder rencontre Stévenin rencontre Beckett rencontre Kafka rencontre les valseuses rencontre Bergson rencontre la peur rencontre le drame rencontre la barbichette rencontre l'éclat
Théâtre d'ennui, le théâtre est d'ennui, le théâtre il a dit, il le dit, être femme, pauvre, injustement lacéré, émigré, polonais, enculé. Là pas, jamais. Là non, autre. Là joue. Théâtre joue. Et cela tombe sur scène, malléable, du ciel. Bruit de chute, plein. Des corps dont on se demande s'ils s'aiment, autre encore. Là des corps qu'on enlace, qu'on veut serrer, qu'on sent. Là et vivants. Et la langue, la lalangue: ah oui l'allemand, l'anglais, le babil. Oui. Et la musique, cinéma. On était au cinéma, on a vu ça. Ils s'habillaient comme Derrick autrefois quand la télé allumée partout dans le salon allumée tout le temps, c'est pas ça. Rideau, plateau et plante en pot. C'est l'épreuve, nous cheminons. On l'a vu souffrir sur scène, on a tous ensemble vu monter, c'est monté. Ils étaient ça et puis ça. A un moment c'est plutôt lui
L'âge d'homme
Dire ce n'est pas un théâtre bête. Dire. Il n'est pas là pour prouver. Rire. Sentir corps et mains sortir de, jusqu'agir, entendre des sons monter en bouche, sentir très fine la peau qui nous sépare, nous en fauteuils, de ces trois eux parfois aussi en fauteuils.
Au début loin, peur, ils étaient forts et la peur, ils regardaient grossier, fil grossier, masque grossier et mots tous grossiers. C'était pas bon, proche, sentir la peau, voir la main manipuler trop le drap, trop la peau noire du velours, faire du chiqué. Alors après c'est facile de dire ouh là ces corps là ces homme là leur âge et leur taille et leur voix et leur présence tout ça moi j'ai peur moi je juge moi je vois jusqu'à ce que, et ce n'est pas un respect pour l'épreuve, ce n'est pas seulement le plaisir de voir l'autre exposé, c'est le plaisir de recevoir. Un glissement: à un moment, un cadeau nous est donné, qui ressemble à un voyage dans le temps intérieur. Tout à coup je suis avec moi, c'est là que j'ai envie d'aller avec eux, puisqu'ils sont moi, qu'on est ensemble. Nous sommes, et ils sont, juste là. Touchants, délicats. Je pourrais presque m'aimer moi d'être si là, si heureuse enfin avec eux. C'est assez miraculeux.
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