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mercredi 10 novembre 2010

L'écume des jours: Monet @ Grand Palais

"Il aurait procuré l'illusion d'un tout sans fin, d'une onde sans horizon et sans rivage..."

Quand P. est à Paris, on aime bien faire des choses folles comme se donner rendez-vous à l'aube au Grand Palais pour voir l'expo du moment. C'est ainsi qu'on se retrouve à 10h, grelottants, entourés de gens en tweed dans une file infinie et pluvieuse. 6000 visiteurs par jour, des querelles intestines et impression soleil levant en moins. Comme à Eurodisney, patience  est mère de sagesse. Comme à Eurodisney, personne ne se sent concerné par les vertus maternelles et l'attente irrite, les bouts de tableaux affament et les bébés hurlent. 

Rapidement, l'hypnotique présence du maître transforme la rage en mayonnaise et ça prend: les hérétiques se calment. Restent les grappes branchées, mécaniquement rythmées par des numéros, la main levée et l'oreille basse. Les dernières secousses seront dues aux sempiternels hauts parleurs qui, cette fois, n'invoqueront pas l'incendie mais son maître: "Monsieur Lucifer est attendu au parking" et qui feront rire les moutons, blaguer les caniches "tant que c'est pas au Paradis" et grogner les ours "chut! ... et merde, je suis perdue, c'est où le numéro 19?"

Puis la pression retombe, les yeux ne cherchent plus et trouvent l'écume, la fumée, l'eau et la lumière. Ce n'est pas le trait mais l'éclat et le mouvement. Ce n'est pas le lieu mais l'atmosphère. Ce n'est pas la couleur mais l'effet. Et la paix des nymphéas, "On voit un pont des fleurs, et des nénuphars. Des fleurs sur les nénuphars." Voyage à Venise pour le mythe, la tête émerge de l'eau et le regard coupe les bords. Le retour final, la dernière salle de l'exposition et l'admiration, l'émotion, la sensation qui émergent. Il en reste un profond respect pour le créateur.





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